Accueil du site > Ramallo RP > Chapitre II > 3 - Femmes Fremens
Année standard 10125 Lieu : Siecht Habbanya, la grotte aux oiseaux

Dans la fraîcheur relative du siecht, Ramallo avait dormi jusque tard dans la matinée. Cela n’était pas son habitude et elle s’en fit le reproche tout en s’habillant. Pourtant il était évident qu’elle avait accumuler une bonne dose de fatigue durant le voyage, elle avait eu plus de besoin de sommeil qu’elle ne l’avait imaginé. Toral, lui avait du le savoir car de toute évidence, il avait donné des ordres pour qu’on ne la dérange pas.

Enfin présentable, vêtue de l’aba qu’on lui avait fourni à son arrivée hier soir, elle sortie de ses quartiers et se retrouva dans le méandre des couloirs du siecht. Grâce à son entraînement Bene-Gesserit, elle avait pris soin la veille d’imprimer dans sa mémoire, malgré la fatigue, le trajet qu’on lui avait fait suivre. C’est ainsi qu’elle se repéra sans trop de mal et se dirigea d’un pas assuré vers ce qui équivalait ici à la salle à manger commune.

Lorsqu’elle déboucha à l’entrée de la grande pièce rectangulaire, percée à même la roche, elle vit que Rilett était présente, installée avec d’autres jeunes femmes à la préparation de ce qui devait être le repas du midi. Midi.... Ramallo avait dormi encore plus qu’elle ne l’imaginait. Le groupe de jeunes fremens bien qu’absorber par leur tâche, n’en discutait pas moins intensément. Tout cela dans une sorte de murmure ténu, c’est ce qui avait frappé Ramallo lorsqu’elle avait pénétré pour la première fois dans un campement fremen : la capacité des individus à respecter le silence. Même les enfants qui jouaient dans un coin de la pièce ne semblaient pas vouloir le briser. Et leur jeux, aussi excitant furent-ils ne leur arrachaient que de léger gloussements joyeux. N’importe où ailleurs, pensa Ramallo, des enfants auraient criés et rient à gorges déployées, mais pas ici.

Rilett leva un instant les yeux de son travail et aperçu la Bene-Gesserit à l’autre bout de la pièce, elle lui sourit et lui fit signe d’approcher. Une autre jeune femme se leva pour aller chercher un petit siège qui se trouvait non loin de là et le plaça entre Rilett et elle. Le message était claire Ramallo était invité à mettre à profit ses talents culinaires pour la communauté. Elle s’installa donc à la tablée en pensant que bien peu de chose finalement différenciait les Fremens de l’Ordre, ni l’un ni l’autre n’aimait l’oisiveté.

Une fois à table, Rilett fit les présentations. En tout il y avait 5 femmes en plus de Ramallo et de la fille de Toral. Haroul, qui lui avait tendu son siège et qui se trouvait à sa droite, était la fille de Moral le frère du naïb. En face d’elle se trouvait sa jeune soeur, Pilua. Aux extrémités de la table se tenait Niria et Dola, les filles de Tarek, le porteur d’eau. Enfin, faisant face à Ramallo, se trouvait Balinu de toute évidence la plus âgées des jeunes filles. Balinu était la fille aînée de Serbo, mais également la petite fille de la Shadout Horia, que la Bene-Gesserit avait rencontré dans le Palais Harkonnen d’Arrakeen.

Les salutations faites, Haroul tendit à Ramallo une des tartines qu’elles avaient préparées.
 " Vous devez avoir bien faim après votre long voyage ? Prenez ceci."
 "Puis vous nous aiderez à terminer les préparatifs pour le retour des hommes." Avait ajouté un peu froidement Balinu. Au cours de présentations, Ramallo avait senti que la jeune femme l’observait avec intensité, une pointe d’inquiétude et surtout une sorte de ressentiment. Si cette fille était moitié moins méfiante que sa grand-mère, cela n’avait rien d’étonnant. Pourtant, Ramallo ressentit un danger dans le ton de sa voix, et répondit assez sèchement en utilisant subtilement la Voix :
 "Les soeurs du Bene-Gesserit n’ont pas pour habitude de laisser les autres accomplir leur travail."

Balinu, crispa fugacement les lèvres puis se plongea dans l’examen attentif de la tartine qu’elle avait entre les mains. Pour dissiper le silence pesant qui semblait vouloir s’installer à la tablée, Rilett fit repartir la conversation par un babillage plaisant sur la journée qui les attendait. Ramallo appris ainsi que Serbo et Mofal, les prospecteurs avaient trouvé dans la journée d’hier, un gisement d’épice important. Ils étaient partis très tôt ce matin accompagnés d’hommes de la tribu pour la récolte. Ce travail difficile demandait apparemment beaucoup de main d’oeuvre et on avait réquisitionné les plus jeunes pour leur apprendre le métier. Ainsi, Orato, le fils de Toral, mais également les frères de quelques unes des jeunes femmes attablées, avaient accompagnées les prospecteurs dans le désert.

Leur retour étant prévu avant que le premier soleil soit à son zénith, il fallait se dépêcher de terminer la préparation des repas. Les jeunes femmes s’étaient portées volontaires pour cette tâche, il semblait qu’elles trouvaient cela plus amusant que de travailler avec leurs mères dans les ateliers de couture, où de garder les jeunes enfants des femmes du siecht. Cela leur permettait d’échanger pour une fois des propos oiseux sans la surveillance d’une matriarche. Ramallo ne savait pas s’il fallait qu’elle se sentent fâchée ou flattée de ne pas être considérées comme telle, au vu se son âge. Elle aurait pu être la mère de presque chacune des jeunes femmes attablées là.

L’attrait qu’elle semblait exercer sur cette petite assemblée devait sans doute être celui de la nouveauté. Bien que Balinu, qui n’avait ouvert la bouche que pour donner des oui ou des non évasifs à ses compagnes n’avait pas l’air de cet avis. Elle n’avait pas beaucoup d’amitié pour Ramallo s’était évident, mais même des avertissements d’Horia à son encontre ne pouvait suffire à l’expliquer. La réponse à cette question finit par lui être donnée au cours de la conversation. Rilett vint à parler du voyage qu’ils venaient d’effectuer dans le désert depuis Arrakeen. La jeune femme avait entreprit de leur donner dans le détails les évènements qui avaient ponctués l’équipé, et prenait un soin précieux à expliquer tout ce que Orato avait pris le temps d’expliquer à Ramallo sur le désert. Plus son récit avançait, plus Balinu semblait se renfermer. La Bene-Gesserit compris alors ce qui chagrinait cette fille, elle était tout simplement amoureuse du fils de Toral, et l’évocation du temps qu’il avait passé en compagnie de Ramallo la faisait mourir de jalousie.

Réprimant une envie soudaine de rire, mais pour le moins flattée qu’à son âge on puisse la considérer comme une rivale sérieuse d’une fille de 20 ans, Ramallo décida de dissiper tout malentendu sur ses "vues" sur le jeune homme :
 "Orato est un bon garçon, si j’était sa mère, je serais fier de sa sagesse et de son habilité dans le désert." Utilisant intentionnellement le mot "garçon" et rappelant de façon sous jacente qu’il pourrait être son fils, Ramallo espérait que le message serait clair pour Balinu. Au vue du soudain soulagement qui apparaissait sur son visage et du léger sourire gêné qu’elle lui adressait, elle su qu’elle avait touché juste. Rilett de son côté fit un instant la moue, la jeune femme avait donc tenté de faire enrager son amie.... Ramallo se promit de lui faire la leçon plus tard.

A la fin du récit de Rilett, les jeunes femmes avaient entrepris de bombarder Ramallo de question sur son monde natal, y compris Balinu, qui semblait ne pas la trouver si antipathique que cela finalement. La Bene-Gesserit fut sauvez par le gong. La cloche annonçant le retour des hommes venait de retentir au loin. Cela mis instantanément fin à la discussion, les jeunes femmes se levèrent pour débarrasser la table où elles avaient travaillé. Elles entreprirent de disposer les plats sur les différentes tables de la pièce. Les femmes adultes arrivaient au compte-goutte dans la salle commune, certaines leurs bambins dans les bras. Puis enfin apparurent les hommes de retour du désert, ils étaient une bonne trentaine, elle reconnu sous les visages poussiéreux de sable et d’épice, ceux de d’Orato et de Tarek. Plusieurs jeunes hommes accompagnaient le fils de Toral, sans doute les frères dont il avait été question quelques instants plus tôt.

Enfin, le naïb lui-même fit son apparition pour accueillir l’expédition. Ainsi donc, il ne les avaient pas accompagné. Sans doute le voyage l’avait lui aussi éprouvé plus qu’il ne l’avait cru. Peut-être avait-il dormi plus que de raison comme Ramallo. Quelque chose dans ses yeux lorsqu’il croisa le regard de la Bene-Gesserit, lui fit penser qu’il n’en était rien.